dimanche 31 mai 2009

Leveur de feu

Le Jean-Pierre, c’est mon gendre.

C’est un gentil gars, mais au début qu’on s’est connu, on s’est un peu accroché.

Dame c’est un scientifique.

Il est professeur de aicevété (autrefois on appelait ça les sciences naturelles) au Lycée Jean Giraudoux à Châteauroux. En plus il fait partie d’une organisation qui s’appelle la Zététique. C’est que des gars qui croient en rien. Il leur faut toujours des preuves.

Remarquez, maintenant qu’on a beaucoup parlé je pense qu’il a raison. C’est incroyable le nombre de sottises qu’ils disent à la télévision et dans les journaux.

Il a compris que j’étais guérisseur le jour ou il s’est brûlé en grillant des côtelettes de cochon dans la cheminée.

C’était au début que ma fille nous l’avait présenté. Elle avait dû oublier de lui dire que j’avais le don.

Dame pour un intellectuel de gauche qui croit à rien, avoir un beau père paysan ça pose pas problème, mais si, en plus, il est guérisseur, c’est pas gagné…

La Marie (c’est ma femme) à crié : « Jean, vient vite, Jean-Pierre s’est brûlé, faut le panser ».

Il est arrivé en serrant les dents, secouant sa main brûlée et dansant comme un indien sur le sentier de la guerre. Il a tendu sa main et il m’a regardé faire avec attention sans la moindre réticence.

Quelques minutes après, comme il grimaçait toujours, je lui ai dit « ça va pas déjà mieux ». Il a réfléchi – il hésitait sûrement à vexer le beau père – puis il à répondu en hochant la tête avec un air désolé : « non ».

Ensuite il est allé passer sa main sous le robinet d’eau froide. Au bout d’un quart d’heure, il a arrêté le robinet et il a dit « Ouf, ça va ».

Content de moi je lui ai dit : « Vous voyez, que ça marche ». Il a sourit et m’a dit : « je ne peux pas dire que vous n’avez pas un don de guérisseur, mais pour cette fois, même si vous n’aviez rien fait, cela n’aurait rien changé ».

Vexé j’ai haussé les épaules : « Vous êtes tous pareil les gens de la ville, vous croyiez à rien ».

Et il a expliqué : « Les cellules qui provoquent la douleur sont superficielles. Il y a donc 3 types de brûlures. Les brûlures du 1er degré – coup de soleil ou jet de vapeur passager – où les cellules ne sont pas détruite. La brûlure est vive, supportable, mais elle dure parfois plusieurs jours. Dans les brûlures du second degré, l’épiderme est atteint la douleur est insupportable jusqu'à ce que se forme une cloque, puis elle s’atténue rapidement en 10 à 20 minutes ».

Et il a tendu la main sur laquelle une magnifique cloque marquait la zone où la peau avait touché le métal brûlant en ajoutant : « d’ici quelques semaines il n’y paraîtra plus rien. Vous comprenez pourquoi lorsque les gens arrivent chez vous la douleur à déjà tendance à disparaître. Quand aux brûlés du 3ème degré, ils ne viennent pas vous voir. On les conduit en urgence à l’hôpital ».

Il faut bien admettre que ses explications correspondaient assez bien à certaines remarques que j’avais fait moi-même, par exemple lorsque les gens arrivent déjà soulagés et me disent que rien que le fait de venir me voir les a guéris. J’y crois pas moi-même !

J’ai quand même ronchonné qu’il ne pouvait pas prouver que son explication était la bonne.

« Non a-t-il dit, mais pour nous scientifiques, si une explication logique justifie un phénomène, nous ne voyons pas pourquoi il faudrait en chercher une autre mystérieuse et inexplicable ».

Là j’ai rien trouvé à rétorquer.

Et j’ai dit : « Bon si on allait les manger ces grillades ».

mercredi 27 mai 2009

Exercice illégal du guérissage

Figurerez-vous que ce matin, je vois arriver la Solange de la métairie haute.
Je la connais bien, c’est une de mes habituées, elle est toujours plaintive !
Ça faisait longtemps que je l’avais pas vue.
J’y dis « bonjour Solange, comment que ça va ? ».
« Justement père Bonneau, ça va pas » qu’elle répond. « Depuis 3 mois j’ai toujours mal au ventre. ».
« Ben, pourquoi que tu n’est pas venue me voir plus tôt. D’habitude tu viens tout de suite» que j’y dis.
« Justement père Bonneau cette fois j’ai été voir une nouvelle guérisseuse à Aigurande. On m’avait dit qu’elle était bonne, mais ça me fait rien ».
« Ah ! Ben ! Merci, t’as plus confiance en moi. Je t’ai pas guérie les autre fois ?» que je réponds.
« Si, justement, c’est pour ça que je reviens ».
« Ben, alors pourquoi que t’es pas venue tout de suite ? »
Elle prend un air gêné et elle dit : « Je sais bien que vous demandez rien père Bonneau, mais l’habitude c’est de vous laisser une petite pièce en remerciement, alors que cette guérisseuse là, elle est remboursée par la Sécurité Sociale».
J’ouvre des yeux comme des soucoupes ! « Les guérisseurs ont rien à voir avec la Sécurité Sociale ma pauve Solange. Tu n’aurais pas bu un coup de gnole de bon matin
Elle rentre dans une rogne pas possible. Que c’est vrai ce qu’elle dit, que d’ailleurs on n’a même pas à payer elle se fait payer directement par son ordinateur, quelle lui a dit que c’était une "collopartie fonctionnaire" (drôle de nom) et qu’elle l’a soignée – presque comme moi – en passant sa main au dessus de son ventre.
Sauf qu’après 8 séances elle va toujours aussi mal.

Bon, j’insiste pas, je lui dis « couche toi là ma belle », je sors ma prière à saint Boyau et la lit tout bas en passant ma main sur son ventre et en faisant les signes de croix habituels.
Je la rassure : « ça va aller mieux, si dans 3 jours c’est pas fini reviens me voir».
Avant de la laisser partir, je lui demande le nom et l’adresse de sa guérisseuse. Faut bien se renseigner sur la concurrence.
Elle sort en laissant 10€ sur la table de la télévision. A voir ce qu’elle a comme vaches dans son étable, ça lui aurait pas cassé une jambe d’être plus généreuse. Bof, elle reviendra bien 2 ou 3 fois avant que ce soit guéri.
Cette histoire de Sécurité Sociale me tourne dans la tête. Et si elle m’avait raconté des blagues la Solange !
Pas bête, je vais à l’ordinateur et je fais comme j’ai vu faire Lea ( c'est ma petite fille) quand elle cherche un numéro de téléphone.
Effectivement il y a bien une Cecile Anemane dans la rue de la République, mais – surprise - elle est médecin. C’est marqué : « Docteur en médecine, homéopathie, acupuncture, médecine énergétique».
Je suis dans une colère noire.
Quelle honte. Faire autant d’études, savoir traiter - avec des vrais médicaments en boite - les gens que nous autre guérisseurs n’arrivons pas à soigner, venir nous ôter le pain de la bouche et se faire payer par la Sécurité Sociale – que la télé dit qu’elle est en ruine. C’est lamentable. C’est de l’exercice illégal du guérissage. Ça devrait être puni par la police !

Ce qui fait plaisir, c’est que ça marche pas.
Comme le disait le grand poète berrichon Jean-Louis Boncoeur* : (je traduit – à peu près - en français d’instituteur)

Ca a l’air de rien, essayez voire
Je vous parie bien que ça ne marchera pas
Faut avoir le don
Faut avoir ce que personne il a, même pas vous
Ca s’explique pas ça, faut y croire.

Il y aura toujours des médecins et il y aura toujours des guérisseurs, mais attention, chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

Allez, à la bonne vôtre !

* Le poème auquel il est fait allusion est disponible ( en version originale) ici

Pas de patois sur le web

Ben en vla une aute !
Y parait que personne a rin compris à mon premier message, paceque j’écris en patois comme je cause.
Léa m’a dit : « personne ne te lira, il faut écrire en français correct ».
Bon alors j’mescuse. La prochaine fois j’écrirai en français d’instituteur. Enfin, autant que possible. Le certificat d’étude, c’est loin.
Alors, soyez pas trop exigeant sur l’ortographe et si certaines expressions de chez nous passent à travers, dites-vous que c’est pour pimenter la sauce ou comme des grains de poivre dans un pâté de pommes de terre.
Allez, à la bonne vôtre !

mardi 26 mai 2009

Porqoué que j'causerai pas moi aussi


Allez, je vous raconte c’que m’est arrivé.

Y a 3 mois environ, ma petite fille Léa est v’nue me voir avec son ordinateur.

J’avais l’habitude car elle ne s’en sépare jamais. Elle est toujours deçu à trier des photos ou réviser ses cours (soi disant !). Sauf q’cette fois elle a dit : « Papy je te le donne !». Elle m’a alors expliqué qu’elle en avait acheté un aute (comme si cui-là était pas assez bien !) et elle s’est mise à me le décrire avec des giga herse des mégaoctait et des bites ( ???).

Elle a ajouté : « je vais t’apprendre à t’en servir, tu verras c’est simple. On va te faire venir une friboxe et tu pourras seurfer sur Internet ».

J’ai laissé faire passeque quand elle veut queuque chose…

Un mois plus tard elle était admirative. Elle estimait que « j’avais fait des progrès, grave ! ».

J’ai répondu : « c’était pour faire mentir c’te proverbe qui dit que 99 moutons et un berrichon, ça fait 100 bêtes »

Elle a éclaté d’rire.

Depuis y parait qu’chui « à crocs ».

C’est vrai que j’peux lire les journaux, voir les actrices de cinéma et même savoir par la météo si j’pourrai biner mes haricots verts après demain.

Mais ç’qui m’intéresse le plus c’est les bloggs. Des gens ordinaires, comme vous et moi, qui peuvent écrire librement et donner leurs avis, leurs pensées, ou décrire leur vie.

Léa a dit « super » et une heure plus tard elle m’avait fabriqué mon blog et appris a m’en servir. Faut dire qu’elle est maligne !

Vous vous d’mandez sans doute a quoi peut servir un blog pour un guérisseur berrichon.

J’en sais rin !

P’tet bin que j’men servirais jamais ou alors à la saint glinglin.

On verra bin !

 
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