dimanche 21 juin 2009

Reïki, c'est quoi?

Samedi dernier, je suis allé faire quelques courses à Argenton.
Argenton-sur - creuse, qu’est sur la Creuse mais qu’est quand même dans l’Indre. Une bin jolie petite ville - la Venise du Berry qu’y disent. Autrefois tous les parisiens qui partaient en vacance connaissaient bin : c’était là qu’y avait l’embouteillage. Depuis ils ont fait une déviation et puis l’autoroute et on y est bin plus tranquille.
Et pis c’est là que Michel Sapin il est maire. Lui vous le connaissez forcement il a été ministe. Un gars de gauche dont la famille est d’ici. Enfin il est quand même de la « haute », puisque sa famille a un château.
Et puis après, on peu bin avoir un château et être de gauche.

Bon, là, je m’égare un peu, c’est pas de ça que je voulais vous causer.
Donc je vais faire mes courses et je passe comme d’habitude acheter la Nouvelle république à la maison de la presse rue Gambetta. C’était la Simone qu’était à la caisse. Je la connais bien, c’est la fille à défunt François de la Bergerie. Je l’ai connue toute petite.
Elle me dit : « Alors msier Bonneau vous étés venu faire un tour en ville. »
« Comme tu vois ma belle » que je réponds.
« Ce pouvoir ça marche toujours, toujours à guérir les gens ».
« J’essaie, Simone, J’essaie ».
Elle aime bien me chahuter sur mes pouvoirs de guérisseur. Il faut dire qu’elle y croit guerre. Quand elle était petite son père me l’avait amené avec une bonne fièvre et un gros mal de ventre. J’ai bien essayé de la guérir mais ça a pas marché. Le lendemain comme la douleur empirait et qu’elle avait 40 de fièvre, j’ai moi-même conseillé à son père d’aller voir le médecin. J’ai bien fait d’ailleurs : elle avait une bonne crise d’apindicite. On a dû l’opérer et le chirurgien a dit que quelques jours plus tard elle risquait une peritoinite.
Comme quoi faut connaître ses limites. Elle m’en veut d’ailleurs pas.

Je me dirigeais vers la sortie quand j’ai été abordé par une chic dame dont j’avais remarqué le manège. Elle faisait semblant de feuilleter des journaux, mais elle écoutait surtout ce qu’on disait.
« Excusez-moi, mais ne seriez-vous pas M. Jean Bonneau le guérisseur ? »
« Pet-être bin, pourquoi ça ? ».
« Eh bien voilà, nous sommes un peu collègue et j’ai pensé que nous pourrions faire connaissance. Peut être pourrions nous nous envoyer réciproquement des malades. Constituer une sorte de réseau amical et professionnel ! »
« Ah ! Bon… »
« Je vous explique, je suis maître reïki. J’ai eu un cabinet à Paris pendant plusieurs années. Cela marchait très bien, J’avais une nombreuse clientèle très « haut de gamme », des artistes, des politiciens, même des médecins… ».
« Ah ! Bon… »
« J’ai décidé de quitter Paris, parce que, vous savez, la vie y est une véritable folie, du bruit, de la pollution, de l’énervement … »
« Ah ! Bon… »
« Eh puis, tout est tellement cher. Rien que le loyer de mon cabinet me revenait à 1000€ par mois. Une ruine
« Ah ! Bon… »
« Le problème est que ici je ne suis pas encore connue et que les gens connaissent mal les médecines non-conventionnelles. Sortie de l’homéopathie et de l’acupuncture – qui ne sont que du charlatanisme – ils ne connaissent rien. »
« Ah ! Bon… »
« Vous connaissez le Reïki ?
« …….. »
« Le mot Reiki est composé de deux mots Rei et Ki. Rei est l’Energie Universelle de Vie dans sa dimension macrocosme, celle qui nous entoure partout, nous constitue ainsi que toute chose : le Grand Tout… les atomes… Et Ki est cette même Energie Universelle de Vie mais dans sa dimension microcosme, cette Energie Vitale en chacun de nous qui vivons -la Vie en soi- et qui englobe tous les aspects à quoi s'identifie l'Etre Humain : physique, émotionnel, mental, Esprit…»
« Ah ! Bon… »
« Le Reiki est une thérapie holistique naturelle qui par l'imposition des mains sur soi ou d’autres et grâce aux initiations vécues auparavant, va permettre de canaliser l’Energie Universelle de Vie et de s’emplir davantage que ce que l’on reçoit "automatiquement" du fait d’être vivant, ce qui va entraîner un mouvement énergétique intérieur permettant d’harmoniser le Ki en soi-même et aussi dans sa relation au Rei puisque tout est lié et en interdépendance ».
« Ah ! Bon… »
« Pratiquer le Système de Guérison Naturelle Reiki, donne l'occasion prendre conscience de son unicité et aussi de son unité avec le Tout qui est Un. »
« Ah ! Ah !.........»

Pour vous dire franchement j’en avais plus que ma claque de l’entendre débiter ses âneries.
Elle a dû le comprendre car elle a dit :
« Bon, je vais mettre cartes sur tables : je veux savoir si vous étés d’accord pour l’échange de clients et je voudrais aussi savoir combien vous prenez pas séance. Je sais que cela ne se demande pas, mais je peux vous dire qu’à Paris je prenais 70€. Je souhaiterai m’adapter – dans un premiers temps – à la clientèle de province. Alors dites-moi franchement quel est votre tarif ? »

J’ai regardé un peu la pointe de mes chaussures et puis je l’ai fixé droit dans les yeux et j’ai répondu :
« Je ne vous dirais pas quel est mon tarif, parce que je n’ai pas de tarif. Les gens qui viennent chez moi donnent ce qu’ils veulent … et surtout ce qu’ils peuvent. Il m’est même arrivé de dire a quelqu’un que je ne voulais pas de son argent, car il est bien plus malheureux que moi.
Vous avez dit que nous étions collègues. C’est faux. Je suis un paysan. Vous savez peut être pas mais c’est ces gens qui cultivent la terre »
« Oui … »
« Ces gens que vous voyez travailler dans les champs pour faire pousser les légumes. »
« Oui … »
« Ces gens qui récoltent le blé qui vous nourrira et élèvent des vaches que vous mangerez »
« Oui … »
« Ces gens qui – parfois – travaillent 15 heures par jour. »
« Oui … »
« J’ai 30 hectares pour vivre et quand j’ai tout payé il ne me reste pas grand-chose. Alors c’est vrai que j’ai la chance que mes ancêtres m’aient légués des secrets de guérison et que je ne refuse pas les petits cadeaux qu’on me fait pour l’aide – bien modeste – que je peux apporter »
« …… »
« Alors ne comptez pas sur moi pour exploiter le pauvre monde. J’ai rin compris a vot discours mais je suis encore assez malin pour savoir que c’est un discours de charlatan. Moi j’aide les gens quand je le peux – même si j’y trouve mon compte – vous vous cherchez à les traire comme des vaches à lait ».

J’ai mis deux doigts à mon chapeau, j’ai placé ma Nouvelle République sous mon bras et j’ai tourné les talons.
Elle en est restée comme deux ronds de flan !

vendredi 12 juin 2009

Inversion de la charge de la preuve

Dimanche dernier ma fille et mon gendre (le Jean-Pierre, le zététicien) sont venu passer la journée à la maison.
Je voyais bien qu’il allait pas le Jean–Pierre. Il était silencieux – c’est rare ! Il m’a dit : « si on allait rentrer le foin ! ». Dame pour çà il est pas feignant.
Je voyais bien qu’il avait besoin de s’occuper. En travaillant je l’ai interrogé finement (je peux !). Je lui ai demandé des nouvelles du lycée, j’ai cherché à savoir si il s’était disputé avec ma fille (ça arrive !). Rien ! Alors j’ai mis les pieds dans le plat « Pourtant t’as pas l’air bien joyeux ce matin ! ».
Il a répondu : « Il y a une affaire qui me turlupine. En Angleterre, Simon Singh un journaliste scientifique très réputé auteur de plusieurs livres sur les pseudo-médecines vient d’être attaqué par une association de chiropracteur. Les chiropracteurs c’est des espèces de rebouteux mais qui prétendent tout soigner de la même façon. Dans son article le journaliste avait écrit que cette médecine non conventionnelle prétendait, par les manipulations de vertèbres, pouvoir "aider à guérir des enfants victimes de coliques, atteints de troubles du sommeil ou de la nutrition, d’infections aux oreilles à répétition, d’asthme ou de pleurs prolongés"*».
« C’est ridicule » que j’ai coupé. « Moi je remet les épaules déboîtées ou les entorses mais pour le reste j’essaie plutôt le guerissage et si ça va pas j’envoie au médecin ».
« C’est même pas ça le problème. Ce qui est grave c’est que cette association demande que Simon Singh apporte au tribunal la preuve de l’inexistence des bienfaits qu’ils évoquent. C’est comme si, quand je mets en doute l’existence de ton don tu me faisais passer en justice en me demandant de prouver que tu n’as pas de don ».
« Tu serais souvent en prison, mais je voie pas comment tu pourrais faire! »
Ca l’a pas fait rire.
« Personne ne sait faire ça parce que c’est impossible. La science ne peut pas faire la preuve de l’inexistence d’un phénomène. D’ailleurs c’est un principe fondamental en zététique : "la charge de la preuve appartient à celui qui affirme". »
« Ca m’aurait bin étonné que t’ais pas une citation de zététicien » que j’ai dit pour l’embêter.
« En tout cas c’est grave, car s’il est condamné on ne pourra plus rien critiquer. Fini la liberté d’expression».

« Allez, t’énerve pas Jean-pierre, ça se passe en Angleterre et puis il est pas encore condamné »**.
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* Pour en savoir plus sur cette affaire voir ici
** Si vous voulez qu’il ne le soit pas, signez la pétition ici

lundi 8 juin 2009

Vaccination

Elle est arrivée comme une bombe.
Aux cris des poules de la mère Cheval, j’ai compris qu’elles l’avaient échappée belle.
Elle s’est arrêtée dans la cour en faisant sauter les graviers. Son espèce de voiture avait des dents de tigre et des pneus quasiment si gros que ceux de mon tracteur.
Je suis sorti sur le devant de ma porte.
Elle est descendue de voiture en tirant derrière elle un gniard d’une dizaine d’année. Rien qu’à sa tenue on savait déjà qu’elle était pas rémiste. Ses cheveux étaient blonds filasse et coupés au raz.
Elle est venue vers moi d’un air décidé : « Je cherche monsieur Bonneau ».
« C’est moi » que j’ai répondu.
« Vous êtes bien praticien traditionnel de médecine énergétique ? ».
J’ai failli en tomber sur le cul !
« Je suis paysan, avant tout et rebouteux - guérisseur à mes moments perdus ».
« C’est pareil a-t-elle coupé d’un ton sec ».
J’ai senti qu’on allait pas s’entendre.
« Je suis pour le retour aux valeurs naturelles et à la médecine traditionnelle. Je refuse de me laisser exploiter par les médecins et les grands laboratoires pharmaceutiques qui les gouvernent et qui nous empoisonnent avec leurs médicaments. ».
« Et alors ? » que j’ai dit en passant ma main sur ma joue pour constater que je ne m’étais pas rasé ce matin. Ca devait pas bien la gêner, au contraire, ça fait plus « naturel ».
« Voila, nous allons partir, en famille, passer des vacances au Sri Lanka. Les amis avec lesquels nous partons n’arrêtent pas de m’assommer avec leurs vaccinations. Ils disent que ce n’est pas prudent de partir avec un enfant de cet age non vacciné. En plus ils veulent que nous prenions un médicament contre le paludisme. Pouvez-vous faire quelque chose dans ce cas. Je ne sais pas moi, renforcer nos défenses naturelles, nous donner de l’énergie positive ou quelque chose dans ce genre ».
J’ai réfléchi quelques instants en continuant de me gratter le poil.
« De toute façon il a déjà les vaccinations obligatoires ! »
Après un instant d’hésitation elle a répondu : « Non, un médecin homéopathe, qui est opposé aux vaccinations, nous a fait un faux certificat ».
Alors là, elle tombait bien. Justement qu’on avait discuté de ce sujet, il y a moins d’un mois, avec le Jean-Pierre (c’est mon gendre le zététicien). Sur ce sujet on était quasiment d’accord.
J’ai réfléchi deux minutes, je lui ai souris et j’ai dit : « Ma petite dame, vous vous êtes trompée de porte. Ne comptez pas sur moi, ni d’ailleurs sur personne de raisonnable, pour ce genre de choses. Je vais vous dire, j’ai 72 ans ; ça veut dire que j’ai connu le temps ou il y avait encore de la variole. On était obligé de se vacciner et, bon dieu, je vous jure que c’était pas une partie de plaisir. Vous voyez cette cicatrice sur mon bras, c’est la vaccination pour la variole. J’ai eu de la fièvre pendant 2 jours et une cloque énorme sur le bras pendant plus d’une semaine. Grâce à ça, la variole a disparue de la terre entière et vous n’êtes plus forcée de vacciner votre gamin. J’avais un copain à l’école primaire. Il s’appelait Robert. Il a attrapé la poliomyélite. Il est mort à 55 ans après avoir passé 40 ans dans un poumon d’acier. Sans compter tout ceux que je connais et qui marchent encore en boitant ou sont dans un fauteuil roulant. Alors si c’est ça que vous souhaitez pour votre fils, je vous félicite ».
« Je sais tout cela et je ne suis pas contre les vaccinations mais je pense qu’on doit laisser la liberté de ne pas se vacciner à ceux qui ne veulent pas ».
Alors là j’ai vu rouge.
« Ça c’est la pire des saloperies : que les autres se vaccinent pour faire disparaitre les maladies et que vous puissiez en profiter sans risque. C’est de l’égoïsme pur et simple. Allez, partez d’ici, et si un jour votre gosse meurt – au Sri Lanka ou ailleurs – faute d’avoir été vacciné, vous aurez le plaisir de ne pas avoir participé a l’enrichissement de fabricants de vaccins. Vous enrichirez juste les pompes funèbres et les fabricants de cercueil. »
Elle a pincé son bec, est remontée dans son 4X4 et est repartie en trombe en manquant d’écraser ce pauvre Pateau qui était venu aux nouvelles en entendant nos éclats de voix.

Je dois dire que j’étais pas mécontent de moi.
 
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